PENSER EN CONTINENTS !
POUR UNE PHILOSOPHIE DE L’ACTION !
POUR UNE MISE EN ACTION DE LA PHILOSOPHIE :
CHANGEONS LE MONDE !

 

Discours de Luc MICHEL, Président du MEDD-RCM,
au nom des Délégations du Continent européen,
au Meeting d’ouverture de la Première Assemblée mondiale
de l’ « Association Internationale des Partisans du Livre Vert »
(Tripoli, Libye, 25 octobre 2009). 

 

Frères et Sœurs,
Camarades du « Mouvement des Comités Révolutionnaires »,

Je tiens tout d’abord, au nom des délégués venus de la plupart des pays européens à saluer le Frère Guide Moammar Kadhafi.

Je veux aussi au nom de mes camarades européens saluer fraternellement les délégués venus d’Afrique, des deux Amériques, d’Asie et d’Océanie.

I

Depuis deux décennies que je me suis engagé pour la défense de la Démocratie Directe et de la Jamahiriya libyenne, on me pose régulièrement la question : « Pourquoi vous, Européen, vous intéressez-vous à une révolution et à une doctrine nées dans un pays arabe ? »

Pauvres Européens qui ont oublié leur histoire !

Car la démocratie directe est une vieille idée en Europe. Où elle était en Grèce, dans la Rome de la République, ou encore parmi les peuples germaniques, celtiques ou slaves, la forme originelle d’organisation politique. L’Assemblée des citoyens, des hommes libres, prêts à prendre les armes et à donner leur vie pour la défense de la communauté.

Puis, après les siècles obscurs du Féodalisme et du Monarchisme, les peuples d’Europe se souviendront de cette vieille idée et tenteront, inlassablement, de remettre sur l’échiquier politique la Démocratie Directe. Souvenons-nous des expériences de la seconde Commune de Paris de 1871, des premiers Soviets ou encore de la Yougoslavie socialiste de Tito. Partout une même idée : le gouvernement du peuple par le peuple ! Et la Commune comme base d’organisation.

Les premiers à l’époque moderne seront les Jacobins de la Première Commune de Paris, les temps héroïques de 1793 et de Robespierre, l’Incorruptible.

Il faudra aussi Moammar Kadhafi pour nous rendre le souvenir de Robespierre. A l’occasion de la venue du Président français Chirac en Jamahiriya en 2004, les murs de Tripoli s’étaient couverts d’affiches, effarantes pour les Français, rendant hommage à la Révolution française, à 1793 et à l’Incorruptible.

Pauvres Français qui ont oublié leur histoire !

Ajoutons qu’il y a quelques semaines, le Maire social-démocrate de Paris, le triste Delanoë, a refusé que le nom de Robespierre soit donné à une rue de Paris. Hommage involontaire du Vice social-démocrate à la Vertu jacobine !

Parmi les expériences européennes de Démocratie Directe, il y a eu aussi, jadis, la Suisse. Je dis « jadis », parce que la Suisse s’est transformée en régime parlementariste et n’a plus rien à voir avec le modèle que certains voudraient encore y trouver. Deux symboles : la Commune, la base de la démocratie directe suisse d’hier, va bientôt être supprimée ! Et le second, révélateur de ce qu’est devenue la Suisse du XXIe siècle, qui n’est pourtant pas membre de l’OTAN : des militaires suisses participent à l’agression et à l’occupation de l’Afghanistan !

Ce long détour pour expliquer combien l’exemple de la Jamahiriya est précieux pour nous, militants européens de la Démocratie Directe. Car la Libye révolutionnaire de Moammar Kadhafi est la seule expérience de démocratie directe en application de l’époque contemporaine !

Pour nous, militants européens, la Jamahiriya issue du « Livre vert » est une expérience-pilote incontournable !

Mais notre intérêt pour la pensée de Moammar Kadhafi ne s’arrête pas là. Nous saluons aussi en Kadhafi un grand Européen, qui a toujours soutenu l’unification et l’émancipation du continent européen, dans lequel il voit un des éléments essentiels d’un monde multipolaire, libéré de la domination impérialiste.

Et dont la vision avant-gardiste associe déjà les unités africaine et européenne.

Dans cette vision, Kadhafi conçoit la Libye comme un pont entre l’Afrique et l’Europe. Nous devons souligner combien cette vision est différente de celle des politiciens atlantistes de l’Union Européenne qui, eux, ne bâtissent pas des ponts, mais dressent les murs d’une forteresse.

A Bruxelles ou à Strasbourg, ces politiciens arrogants autant qu’incapables donnent des leçons au monde entier. « Droits de l’homme, libre circulation, libertés » nous disent-ils. Mais dans la réalité ce sont les murs d’une forteresse qu’ils dressent ! Mur de Schengen à l’Est qui coupe l’Europe en deux. Barbelés de Schengen encore à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Et à l’intérieur même de l’Union Européenne, citoyenneté à deux vitesses. Complète pour les pays de la vieille CEE. Droits limités pour les Bulgares, les Roumains ou encore les Polonais…

Traitement indigne des peuples européens catégorisés en peuples supérieurs en droits et en peuples à qui on nie les mêmes droits. Entre 1933 et 1945, sous le Reich nazi on ne faisait pas autre chose. Mais on le disait plus crûment… « Peuple des Seigneurs » et « sous-hommes slaves » !

L’Union européenne entend aussi faire de la Méditerranée une frontière, une de plus ! Le « Processus de Barcelone » ou le « partenariat Europe-Méditerranée », auxquels la Libye a refusé de participer, n’ont pas d’autre sens.

Face à cette vision, il y a celle de Moammar Kadhafi. Qui voit la Méditerranée comme un lieu de culture, de partage, d’échange.

Là aussi Kadhafi a la mémoire du Passé. Celui où la Méditerranée était une unité. La Libye, qui se souvient aussi de son passé romain, qui sait que Leptis Magna a donné à l’Empire romain les empereurs de la dynastie des Sévère. Les politiciens européens l’ont aussi oublié !

Oui, nous militants européens, nous préférons suivre et écouter Kadhafi, qui veut bâtir des ponts pour unir, aux politiciens de L’Union européenne, qui construisent des murs pour séparer !

II

Mais il est temps de passer de ces considérations théoriques à l’action pratique. Car nous ne concevons pas la théorie sans la praxis !

Partout en Europe, le désenchantement s’est profondément installé. Pas seulement en raison de la crise économique, des inégalités, de la pauvreté qui frappe une part croissante des masses européennes. Mais aussi et surtout du fossé qui sépare chaque jour davantage les peuples européens des politiciens du Système et du Parlementarisme bourgeois faisandé.

Les temps sont venus de proposer notre alternative ! La Démocratie Directe est une idée d’avenir en Europe ! L'Europe est un terrain fertile et une terre de mission. Mais il nous faudra aussi combattre la propagande menée contre Moammar Kadhafi et la Jamahiriya.

Ce que nous avons besoin en Europe, c’est avant tout d’organisation et d’un programme réaliste et sérieux de travail.

Commençons par dire deux choses capitales, car elles vont servir à définir notre organisation.

La première : Nous ne reconnaissons plus les frontières ! Notre action sera transnationale. Nous devons penser en continents (*)

La seconde : L’Europe ne se limite pas à l’Union européenne !

Ni même aux états qui lui sont maintenant associés, comme la Moldavie ou la Serbie. La Russie, qui a retrouvé son indépendance avec Vladimir Poutine, et qui est redevenue une proche alliée de la Libye, est aussi l’Europe ! Une SECONDE EUROPE, une AUTRE EUROPE eurasiatique se dresse désormais à Moscou face à l’Europe atlantiste de Bruxelles.

Une seconde Europe (**), qui attire à elle plusieurs anciennes républiques soviétiques.

La Russie a en effet mis en place un processus agrégateur semblable à celui de l’Union Européenne, avec des unions autour des organismes transnationaux qui se constituent autour de Moscou : Communauté économique eurasiatique (CEEA : Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie, Ouzbékistan, Russie et Tadjikistan), Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC de la Communauté des Etats indépendants, alliance militaire du type de l'Organisation du Traité de Varsovie), Organisation de coopération de Shanghai (OCS : Russie, Kazakhstan, Kirghizie, Chine, Tadjikistan et Ouzbékistan. Le Pakistan, l'Iran, l'Inde et la Mongolie y ont le statut d'observateur, la Chine et la Russie y jouent des rôles clés), Espace économique unifié (EEU : Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie et Tadjikistan).

Nous entendons unir toutes les délégations européennes en un seul Réseau, de Dublin à Vladivostok.

Avec un programme coordonné et une collaboration étroite de tous au projet unitaire commun.

Le Réseau européen de l’Association se fera avec une Coordination européenne centrale.

Nous entendons utiliser l’expérience acquise sur ce plan depuis 2004 avec le Réseau du MEDD-MCR, le « Mouvement Européen pour la Démocratie Directe », qui agit déjà de façon unitaire et intégrée dans l’Espace francophone, en France, en Belgique et en Suisse, mais aussi en Moldavie et en Bulgarie. Et qui a déjà collaboré avec de nombreuses délégations européennes, en Ukraine, au Belarus ou en Serbie.

Enfin, un Bureau de Liaison UE/Balkans/CEI sera installé à Kichinev, où le MEDD-MCR dispose déjà d’un Secrétariat de liaison franco-russe.

En ce qui concerne le Centre de Bruxelles, les choses iront rapidement puisque nous disposons déjà de nos structures, d’un siège central, de sites Internet, d’un cadre transnational et multilingue. Il en ira de même pour le Bureau de Liaison de Kichinev, en Moldavie, qui est déjà opérationnel.

Enfin, nous sommes déjà présents sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter, qui serviront d’élément majeur de coordination et d’information, non seulement pour le Réseau européen, mais aussi pour les autres continents. Nous entendons placer notre action à la pointe du progrès technique et à l’heure du Web.2.0 !

Sur le plan des activités, nous voulons agir dans deux directions :

D’une part l’intégration et la collaboration des cadres des différentes délégations, la formation des adhérents ;

D’autre part la diffusion de nos idées vers les milieux intellectuels et la cristallisation d’un Réseau intellectuel de soutien.

Pour l’intégration des cadres, nous relancerons l’organisation des « Universités d’été des partisans du Livre Vert ». Pour mémoire, depuis 2000, le MEDD-MCR a organisé des « Universités d’été pour les mouvements verts, pacifistes et alternatifs » : en Hongrie, en Allemagne, en France et deux en Belgique. Et plusieurs délégations ont mené sur le plan local les mêmes initiatives.

Pour la diffusion de nos idées, diverses actions seront menées. Par exemple, l’organisation de symposiums et colloques. Le premier étant envisagé à l’Institut du Monde Arabe à Paris.

Mais aussi la création de « chaires du Livre Vert » dans les universités européennes, où ce sera possible.

Un homme d’Etat hollandais, Guillaume d’Orange, affirmait jadis avec justesse que « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » J’appelle tous les délégués européens à faire preuve de cette volonté !!!

III

Pour conclure, je veux insister sur le rapport essentiel du passage de la Théorie à la Pratique. Pour paraphraser le grand philosophe Goethe, je dirais que gris est l’arbre de la théorie. Et vert l’arbre de la Praxis, de la pensée mise en action, celle qui porte les fruits du futur.

Dans sa conclusion du CAPITAL, Marx affirmait que « le temps était venu pour les philosophes de transformer le monde et non plus seulement de le penser »

C’est ce que Moammar Kadhafi a fait en Libye, bâtissant dans la réalité du Monde moderne la Jamahiriya, cette République des Masses tout droit sortie de son « Livre Vert ».

Moammar Kadhafi nous a montré la voie. L’alternative existe au vieux monde, gris, triste et froid, du capitalisme financier et du parlementarisme bourgeois faisandé.

Ce vieux monde agonise, aidons-le à mourir !

Frères et sœurs des cinq continents,
Mes camarades européens venus de tout le Continent,
Pour la Démocratie Directe !
Pour la Troisième Théorie Universelle et le « Livre Vert » de Moammar Kadhafi !
EN AVANT !!!

 

Luc MICHEL
Président du Mouvement Européen pour la Démocratie Directe (MEDD-MCR)


Notes pour la version écrite :


(*) J’ai emprunté mon titre « Penser en Continents » à la version française du livre allemand de géopolitique « Mut zur Macht. Denken in Kontinenten » du Général Jordis Von Lohausen. Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Il a écrit des pages élogieuses concernant le projet européen de Thiriart des Années 1960-75. Lohausen parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans l’exemplaire offert par Lohausen à Thiriart en 1983 (et qui m’a été légué avec sa bibliothèque en 1999) figure la dédicace suivante : « En respectueux hommage à un grand Européen ».

(**) J’ai théorisé la concept géopolitique fondamental de « Seconde Europe » à propos de la Russie régénérée de Poutine dans notre revue LA CAUSE DES PEUPLES, Bruxelles-Paris, n° 31, décembre 2006. Texte disponible sur le site du PCN-NCP, sous le titre « Pourquoi nous combattons » (http://www.pcn-ncp.com/why/pourquoi1.htm)


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