LE LIVRE VERT DE MOAMMAR KADHAFI
La démocratie
Le "pouvoir du peuple"
La base politique
de la troisième théorie
universelle
« L'appareil de gouvernement »
Le problème politique de « l'appareil de
gouvernement » est le plus important de ceux qui se posent aux sociétés
humaine.
Souvent, le conflit qui surgit au sein d'une famille
se ramène à ce problème. Ce problème est devenu très grave depuis
l'apparition des sociétés modernes. Actuellement, les peuples affrontent ce
problème persistant, et les sociétés supportent nombre de risques et de conséquences
extrêmes qui en résultent. Elle n'ont pas encore réussi à lui trouver une
solution définitive et démocratique. Ce Livre vert présente la solution théorique
définitive au problème de « l'appareil de gouvernement ».
De nos jours, l'ensemble des régimes politiques est
le résultat de la lutte que se livrent les appareils pour parvenir au pouvoir:
que cette lutte soit pacifique ou armée, comme la lutte des classes, des
sectes, des tribus, des partis ou des individus, elle se solde toujours par le
succès d'un appareil, individu, groupe, parti ou classe et par la défaite du
peuple, donc de la démocratie véritable.
La lutte politique qui aboutit à la victoire d'un
candidat, avec, par exemple 51% de l'ensemble des voix des électeurs, conduit
à un système dictatorial, mais sous un déguisement démocratique. En effet,
49% des électeurs sont gouvernés par un système qu'ils n'ont pas choisi, et
qui, au contraire, leur a été imposé. Et cela c'est la dictature.
Cette lutte politique peut aussi aboutir à la
victoire d'un appareil ne représentant que la minorité, notamment lorsque les
voix des électeurs se répartissent sur un ensemble de candidats dont l'un
obtient plus de voix que chacun des autres considéré à part. Mais si l'on
additionnait les voix obtenues par les « battus », cela donnerait
une large majorité. Malgré cela, c'est celui qui a le moins de voix qui est
proclamé vainqueur, et son succès est considéré comme égal et démocratique
! Mais en réalité il s'instaure une dictature sous des apparences démocratiques.
Voilà la vérité sur les régimes politiques qui dominent le monde actuel. Leur falsification de la vraie démocratie apparaît clairement: ce sont des régimes dictatoriaux.
Les assemblées parlementaires sont l'épine dorsale
de la démocratie telle qu'elle existe actuellement.
L'assemblée parlementaire est un représentation
trompeuse du peuple, et les régimes parlementaires constituent une solution
tronquée au problème de la démocratie; l'assemblée parlementaire se présente
fondamentalement comme représentante du peuple, mais ce fondement est, en soi,
non démocratique, parce que la démocratie signifie le pouvoir du peuple et non
le pouvoir d'un substitut... Le fait même de l'existence d'une assemblée
parlementaire signifie l'absence du peuple. Or la démocratie véritable ne peut
s'établir que par la participation du peuple lui-même et non au travers de
l'activité de ses substituts. Les assemblées parlementaires, en excluant les
masses de l'exercice du pouvoir et en usurpant la souveraineté populaire à
leur profit, sont devenues un écran légal entre le peuple et le pouvoir. Il ne
reste au peuple que cette apparence de démocratie qu'illustrent les longues
files d'électeurs venant déposer dans l'urne, leur bulletin de vote.
Afin de mettre à nu la réalité de l'assemblée
parlementaire, il nous faut rechercher d'où elle vient: elle est soit élue
dans des circonscriptions électorales, soit constituée, dans un parti, une
coalition de partis, par désignation. Mais aucun de ces moyens n'est démocratique,
car la répartition des habitants en circonscriptions électorales signifie
qu'un seul député représente, selon l'importance de la population, des
milliers, des centaines de milliers, ou des millions de citoyens. Cela signifie
aussi que le député n'est pas attaché par un lien organique populaire avec
les électeurs, puisqu'il est considéré, selon la thèse de la démocratie
classique, comme le représentant de tout le peuple au même titre que les
autres députés. Dès lors, les masses se séparent définitivement du député,
et le député se sépare définitivement des masses. Car dès qu'il est élu,
il usurpe leur souveraineté et agit à leur place... La démocratie classique,
actuellement dominante dans le monde, revêt les membres des assemblées
parlementaires d'une respectabilité et d'une immunité qu'elle dénie au simple
citoyen.
Cela signifie que les assemblées parlementaires sont
devenues un moyen d'usurper et de monopoliser le pouvoir du peuple; c'est
pourquoi il est aujourd'hui du droit des peuples de lutter à travers la révolution
populaire, en vue d'éliminer ces instruments de la monopolisation de la démocratie
et de la souveraineté, que sont les assemblées parlementaires, qui usurpent la
volonté des masses. Il est du droit des peuples de proclamer un nouveau
principe: « Pas de substitut au
pouvoir du peuple ».
Lorsque l'assemblée parlementaire est formée à la
suite du succès d'un parti aux élections, elle est l'assemblée du parti, et
non l'assemblée du peuple, elle représente un parti et non le peuple; et le
pouvoir exécutif détenu par l'assemblée parlementaire est le pouvoir du parti
vainqueur, et non le pouvoir du peuple. Il en est de même de l'assemblée
parlementaire au sein de laquelle chaque parti dispose d'un certain nombre de sièges ;
les titulaires de ces sièges sont les représentants de leur parti et non ceux
du peuple, et le pouvoir émanant d'une telle coalition est celui des partis
coalisés et non le pouvoir du peuple. Dans de tels régimes le peuple est la
proie pour laquelle on se bat. Il est alors abusé et exploité par ces
appareils politiques qui se combattent pour parvenir au pouvoir, pour arracher
des voix au peuple tandis que celui-ci s'aligne en files silencieuses, qui se déroulent
comme un chapelet, afin de déposer des bulletins dans les urnes de même qu'il
jetterait des papiers dans une poubelle... C'est cela la démocratie classique
qui domine le monde entier, qu'il s'agisse de régimes à parti unique, de régimes
bipartites ou multipartites, ou même sans parti; ainsi il apparaît clairement
que « la représentation est une
imposture ».
Quant aux assemblées qui se forment par la désignation
ou la succession, elles n'ont aucun aspect démocratique.
Etant donné que le système des élections des
assemblées parlementaires repose sur la propagande pour attirer les voix, c'est
donc un système démagogique au vrai sens du mot. Il est possible d'acheter et
de manipuler les voix alors que les plus pauvres ne peuvent être au coeur des
luttes électorales : ce sont toujours et seulement les riches qui gagnent
les élections !
Ce sont les philosophes, les penseurs et les écrivains
qui se sont fait les avocats de la théorie de la représentation parlementaire,
au temps où les peuples étaient ignorants et menés comme des troupeaux par
les rois, les sultans et les conquérants... L'aspiration ultime des peuples était
alors d'avoir un mandant pour les représenter auprès des gouvernants. Mais
cette aspiration même était rejetée. C'est pour réaliser cette ambition que
les peuples ont péniblement et longuement combattu. Il n'est donc pas
raisonnable que maintenant, après la victoire de l'ère des républiques et le
commencement de l'ère des masses, la démocratie soit seulement l'apanage d'un
petit groupe de députés devant agir au nom des masses. C'est une théorie
surannée et une méthode dépassée. Le pouvoir doit être entièrement celui
du peuple.
Les plus tyranniques dictatures que le peuple ait connues se sont établies à l'ombre des assemblées parlementaires.
Le parti est la dictature contemporaine... il est
« l'appareil de gouvernement » de la dictature d'une fraction sur
l'ensemble. Il est de nos jours le dernier en date des appareils dictatoriaux.
Et comme le parti n'est pas un individu, il reflète une démocratie apparente
en forgeant des assemblées ou des commissions, sans compter la propagande à
laquelle se livrent ses membres. Le parti n'est nullement un appareil démocratique,
parce qu'il se compose des gens qui ont le même intérêts... ou les mêmes
vues... ou la même culture... ou font partie d'une même région... ou ont la même
idéologie... et qui se regroupent en un parti pour assurer leurs intérêts ou
imposer leurs vues, ou étendre le pouvoir de leur doctrine à la société
toute entière.
L'objectif d'un parti est de parvenir au pouvoir au
nom de l'exécution de son propre programme. Il n'est pas démocratiquement
admissible qu'un parti gouverne le peuple tout entier car celui-ci est constitué
d'intérêts, d'opinions, de tempéraments, d'idéologies ou d'origines différents.
Le parti est un appareil de gouvernement dictatorial
permettant à ceux qui ont les mêmes conceptions ou les mêmes intérêts de
gouverner le peuple comme un tout... Or par rapport au peuple, le parti est une
minorité. Former un parti c'est mettre en place l'instrument qui permettra de
gouverner le peuple... c'est-à-dire de gouverner ceux qui sont en dehors du
parti, car le parti se fonde essentiellement sur une théorie autoritaire et
arbitraire, à savoir le despotisme de ses membres sur les autres éléments du
peuple...
Le parti avance que son arrivée au pouvoir est le
moyen de réaliser ses objectifs, et que ses objectifs sont ceux du peuple.
Telle est la théorie qui justifie la dictature du parti et qui sert de base à
toute dictature. Quel que soit le nombre de partis, cette théorie est toujours
la même. Mieux l'existence de plusieurs partis exacerbe la lutte pour le
pouvoir... qui aboutit à l'anéantissement de tout acquis du peuple, et sabote
tout plan de développement de la société. C'est cette destruction qui
justifie la tentative du parti rival de prendre la place du parti au pouvoir. La
lutte des partis, si elle ne se solde pas par la lutte armée - qui est rare -
prend la forme de la critique et du dénigrement mutuels. C'est un combat qui se
déroule nécessairement au préjudice des intérêts vitaux et suprêmes de la
société, dont certains membres sinon tous font inévitablement les frai de la
lutte des appareils pour parvenir au pouvoir. Car c'est dans l'effondrement même
de ces intérêts que le parti (ou les partis) d'opposition trouve la preuve de
la justice de son argumentation contre le (ou les) parti au pouvoir.
Le parti d'opposition, en tant qu' « appareil
de gouvernement » désirant parvenir au pouvoir, doit nécessairement
abattre l’appareil en place, et pour ce faire il lui faut en saper les réalisations
et en dénigrer les projets, même si ceux-ci sont profitables à la société.
Et c'est ainsi que les intérêts de la société, et
ses projets deviennent les victimes de la lutte des partis pour le pouvoir.
Certes le conflit né de la multiplicité des partis suscite une activité
politique intense mais il n'en demeure pas moins que ce conflit est d'une part
destructeur politiquement, socialement et économiquement et d'autre part, se
solde toujours par la victoire d'un appareil semblable au précédent, c'est-à-dire
par la chute d'un parti et la victoire d'un autre. Mais c'est toujours la défaite
du peuple... donc la défaite de la démocratie.
En outre, les partis peuvent être achetés ou
corrompus, aussi bien de l’intérieur que de l'extérieur.
A l'origine le parti s'érige en représentant du
peuple, puis la direction du parti devient la représentante des membres du
parti, puis le président du parti devient le représentant de la direction.
Ainsi le jeu des partis se révèle comme un jeu comique et trompeur, basé sur
la caricature d’une démocratie au contenu égoïste, et fondée sur le jeu
des manoeuvres politiques.
Le système de partis est donc bien l'appareil de la
dictature moderne. C'est une dictature sans masque, que le monde n'a pas encore
dépassé, c'est réellement la dictature de l'époque contemporaine.
Le Parlement du parti victorieux est le parlement de
ce parti; le pouvoir exécutif mis en place par le Parlement est le pouvoir du
parti sur le peuple; le pouvoir du parti qui est censé être au service de tout
le peuple est en réalité l'ennemi juré d'une fraction du peuple, celle
constituée par le ou les partis d'opposition et leurs partisans. L'opposition
n'est donc pas le censeur populaire du parti au pouvoir; elle guette plutôt son
heure pour accéder elle-même au pouvoir.
Selon la thèse de la démocratie classique, le
censeur légitime du parti au pouvoir est le parlement, dont la majorité des
membres appartiennent à ce parti; c'est-à-dire que la censure est entre les
mains du parti gouvernant, et que le pouvoir émane du parti censeur; ainsi
apparaissent clairement l'imposture, la falsification et la fausseté des théories
politiques dominant le monde, et dont est issue la démocratie classique dans sa
forme actuelle.
« Le parti ne
représente qu'une faction du peuple, alors que la souveraineté populaire est
indivisible ».
« Le parti gouverne à la place du peuple, alors qu'il ne doit pas y avoir de substitut au pouvoir du peuple... »
Le parti est la tribu des temps modernes... c'est la
secte. La société gouvernée par un parti unique est en tout point semblable
à celle gouvernée par une seule tribu ou une seule secte; car le parti, comme
cela a déjà été souligné, est l'expression des conceptions, des intérêts,
des idéologies, des origines, d'un seul groupe de la société.
Le parti est en fin de compte une minorité, par
rapport au peuple tout entier, tout comme la tribu ou la secte... Cette minorité
a les mêmes intérêts ou la même idéologie. De ces intérêts ou de cette idéologie
découle la même conception. Il n'y a pas de différence entre un parti et une
tribu sinon le lien de sang, qui a d'ailleurs peut-être existé à la naissance
du parti.
La lutte des partis pour le pouvoir ne diffère en rien de la lutte des tribus et des sectes pour le pouvoir. Si le système tribal ou sectaire est politiquement rejeté et honni, il doit en être de même pour le système des partis, car tous deux procèdent de la même démarche et conduisent au même résultat. Pour la société, la lutte des partis a un effet aussi néfaste et destructeur que la lutte tribale ou sectaire.
Le système politique de classe est identique à
celui des partis, des tribus ou des sectes.
Qu'une société politique soit dominée par une
classe, un parti, une tribu ou une secte, c'est finalement la même chose.
La classe, comme le parti, la tribu ou la secte est
un groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts. Ces intérêts
communs naissent de l'existence d'un groupe de gens qu'unissent des liens de
sang, d'idéologie, de culture, de lieu ou de niveau de vie. La classe, le
parti, la tribu et la secte naissent de causes identiques qui conduisent au même
résultat, c'est-à-dire que des liens de sang, de croyance, d'idéologie, de
niveau de vie, de culture ou de lieu, découle une même conception pour
parvenir à un même but. La forme sociale du groupe se manifeste donc sous
l'aspect d'une classe, d'un parti, d'une tribu ou d'une secte, qui mettra en
place un appareil dont la démarche politique sera de réaliser les vues et les
intérêts du groupe. Dans tous les cas, le peuple n'est ni la classe, ni le
parti, ni la secte...Chacun d'eux n'est qu'une fraction du peuple et n'en représente
qu'une minorité. Lorsqu'une classe, un parti ou une secte domine la société
on se trouve en face d'un régime dictatorial. Malgré tout, la coalition de
classes ou de tribus reste préférable à la coalition de partis, car à
l'origine le peuple est essentiellement constitué d'un ensemble de tribus. Il
est rare de trouver en effet quelqu'un n'appartenant pas à une tribu, et tout
le monde fait partie d'une classe définie. Mais aucun parti (ou coalition de
partis) ne peut regrouper tout un peuple et c'est pourquoi il n'est qu'une
minorité face aux larges masses qui n'y adhèrent pas.
Conformément à la véritable démocratie, il est
injustifiable qu'une classe, un parti, une tribu ou une secte écrase, pour ses
intérêts propres, tous les autres.
Admettre une telle domination signifie rejeter la
logique de la démocratie et s'en tenir à la logique de la force. C'est un acte
de dictature contraire aux intérêts de toute la société qui n'est constituée
ni d'une seule classe, ni même des adhérents d'un seul parti. Une telle
attitude ne peut trouver aucune justification. La dictature s'explique en
reconnaissant que la société est bien constituée de plusieurs éléments,
mais que l'un d'entre eux doit éliminer les autres afin de rester seul au
pouvoir. Une telle action n'est donc pas de l'intérêt de l'ensemble de la société,
mais uniquement de l'intérêt d'une seule classe, d'une seule tribu, d'une
seule secte, ou d'un sel parti, c'est-à-dire de l'intérêt de ceux qui
prennent le pouvoir car cette mesure discriminatoire est essentiellement dirigée
contre les membres de la société qui n'appartiennent pas au parti, à la
classe, à la tribu ou à la secte qui entreprend cette élimination.
Une société déchirée par la lutte des partis est
en tout point semblable à celle qui est déchirée par la lutte tribale ou
sectaire.
Le parti constitué au nom d'une classe se transforme
automatiquement en substitut de cette classe, transformation spontanée, qui se
poursuit jusqu'à ce qu'il devienne l'héritier de la classe ennemie à la
sienne.
La classe qui hérite d’une société, hérite en même
temps de ses caractéristiques. Cela revient à dire que si, par exemple, la
classe ouvrière venait à écraser toutes les autres classes, elle deviendrait
l'héritière de la société, c'est-à-dire qu'elle deviendrait la base matérielle
et sociale de la société. L'héritier porte les caractéristiques de celui
dont il hérite, même si ces caractéristiques n'apparaissent pas à première
vue. Au fur et à mesure que le temps passerait, les caractéristiques des
classes exclues resurgiraient à l'intérieur de la classe ouvrière. Or, à
telles caractéristiques correspondent telles attitudes et tels points de vue
appropriés. Ainsi la classe ouvrière deviendrait peu à peu une société à
part ayant les mêmes contradictions que l'ancienne société.
Les niveaux matériel et moral des individus se différencient
dans un premier temps, puis les groupes apparaissent et se transforment en même
temps en classes exactement semblables aux classes abolies, et la lutte pour
gouverner la société reprend. Chaque ensemble d'individus, puis chaque groupe,
puis chaque nouvelle classe, tenteront chacun de devenir un « appareil de
gouvernement ». La base matérielle de la société est instable parce
qu'elle est aussi sociale.
Par ailleurs « l'appareil de gouvernement »
provenant de la base matérielle unique de la société pourrait se stabiliser
pendant un certain temps. Mais il est voué à la disparition dès que naissent,
à partir de cette même base matérielle unique, des niveaux matériel et
social nouveaux.
Toute société où se combattent des classes était,
auparavant, une société à classe unique. Mais cette même classe a engendré
d'autres classes, du fait de l'évolution inéluctable des choses.
La classe qui dépossède les autres afin de
monopoliser « l'appareil de gouvernement » à son profit exclusif
finira par constater que cette appropriation agit en son sein comme elle agit
dans la société toute entière.
En définitive, les tentatives d'uniformisation de la base matérielle de la société, en vue de résoudre le problème du pouvoir ou de mettre fin à la lutte au profit d'un parti, d'une classe, d'une secte ou d'une tribu, ont échoué, de même que les tentatives de satisfaire les masses par l'élection de représentants, ou par l'organisation de référendums; continuer dans cette voie serait perdre son temps et se moquer du peuple.
Le référendum est une imposture envers la démocratie.
Ceux qui disent « Oui » ou « Non » n'expriment pas réellement
leur volonté; mais ils sont bâillonnés au nom de la conception de la démocratie
classique et il ne leur est permis de prononcer qu'un seul mot: « oui »
ou « non ». C'est alors le système dictatorial le plus dur et le
plus répressif. Celui qui dit : « non » doit pouvoir en donner
la raison et expliquer pourquoi il n'a pas dit « oui » ; et
celui qui a dit « oui », doit pouvoir justifier ce choix et
expliquer pourquoi il n'a pas dit « non ». Chacun doit pouvoir dire
ce qu'il veut, la raison de son accord ou de son refus.
Quelle est alors la voie que doivent suivre les sociétés
humaines pour se délivrer définitivement des époques d'arbitraires et de
dictature ?
Puisque dans la question de la démocratie le problème
insoluble est celui de « l'appareil de gouvernement », problème qui
s'exprime dans les luttes de partis, de classes ou d'individus, puisque
l'invention des méthodes électorales et des référendums n'est qu'un
camouflage de l'échec de ces expériences; la solution consiste donc à trouver
un « appareil de gouvernement » qui ne soit pas l'un de des
appareils en lutte pour le pouvoir et ne représentant qu'une seule faction de
la société. Il s'agit donc de trouver un « appareil de gouvernement »
qui ne soit pas un parti, une classe, une secte ou une tribu, un appareil qui
soit le peuple tout entier, donc qui ne le représente pas et ne se substitué
à lui. « Pas de substitut au
pouvoir du peuple », « la
représentation est une imposture ».
S'il était possible de trouver cet appareil le problème
serait donc résolu. La démocratie populaire deviendrait réalité, et les sociétés
humaines auraient mis fin à l'arbitraire et à la dictature, qui seraient
remplacées par le pouvoir du peuple.
Le « Livre vert » présente la solution définitive
au problème de « l'appareil de gouvernement », il indique aux
peuples le moyen de passer de l'ère de la dictature à celle de la démocratie
véritable.
Cette nouvelle théorie est fondée sur le pouvoir du peuple, sans substitut ni représentation. Elle réalise une démocratie directe d'une manière organisée et efficace. Elle diffère de la vieille tentative de démocratie directe qui n'a pas trouvé de réalisation pratique et qui a manqué de sérieux en raison de l'absence d'organisation populaire de base.
Les congrès populaires sont l'unique moyen de la démocratie
populaire.
Tout autre système est une forme non démocratique
de gouvernement. Tous les régimes gouvernementaux qui prévalent actuellement
dans le monde ne seront pas démocratiques tant qu'ils n'auront pas découvert
ce moyen. Les congrès populaires sont l'aboutissement du mouvement des peuples
vers la démocratie.
Les congrès populaires et les comités populaires ne
sont pas des inventions de l'imagination, dans la mesure où ils sont le produit
de la pensée humaine qui a assimilé les différentes expériences des peuples
pour aboutir à la démocratie.
La démocratie directe, quand elle est mise pratique, est indiscutablement et incontestablement la méthode idéale de gouvernement. Comme une nation, quelque soit sa population, ne peut être rassemblée pour discuter, étudier et décider de sa politique, les sociétés sont détournées de la démocratie directe, qui est demeurée une idée utopique éloignée de la réalité. Elle a été remplacée par de nombreuses théories de gouvernement, telles que les assemblées parlementaires, les coalitions de partis, les référendums. Toutes ont conduit à isoler le peuple de l'activité politique, à usurper sa souveraineté, et à confisquer son pouvoir au profit d' « appareils de gouvernement » successifs et en conflit, qu'ils soient individu, classe, secte, tribu, Parlement ou parti.
Le « Livre vert » annonce au peuple la découverte
du chemin de la démocratie directe grâce à un procédé novateur.
Puisque l'idée de l'exemplarité de la démocratie
directe faisait l'unanimité mais qu'il était impossible de la mettre en
pratique et puisque la troisième théorie universelle nous présente une expérience
réaliste de la démocratie directe, le problème de la démocratie se trouve
donc définitivement résolu dans le monde. Il ne reste plus aux masses qu'à
lutter pour abattre toutes les formes dictatoriales de gouvernement qui dominent
actuellement l'univers et qui sont fallacieusement baptisées démocraties; du
Parlement à la secte, de la tribu à la classe, du système de parti unique au
bipartisme ou au multipartisme !
La démocratie n'a qu'une seule forme et une seule théorie.
Les différences et les divergences entre les systèmes dits démocratiques sont
la preuve qu'ils ne sont pas démocratiques. Le pouvoir du peuple n'a qu'un seul
visage et on peut réaliser le pouvoir populaire que d'une seule manière: par
les congrès populaires et les comités populaires : « Pas
de démocratie sans congrès populaires » et « des
comités populaires partout ».
Premièrement, le peuple se divise en congrès
populaires de base. Chaque congrès choisit son secrétariat. L'ensemble de ces
secrétariats forment à leur tour des congrès populaires, congrès différents
de ceux de la base.
Puis l'ensemble des congrès populaires de base
choisit des comités administratifs populaires pour remplacer l'administration
gouvernementale. Dès lors, tous les services publics se trouvent dirigés par
des comités populaires responsables devant les congrès populaires de base,
lesquels leur fixent la politique à suivre et en contrôlent l'exécution.
Ainsi l'administration et son contrôle seront
populaires et il sera mis fin à la définition désuète de la démocratie
selon laquelle: « La démocratie, c'est le contrôle du gouvernement par
le peuple ». La définition juste qui la remplacera est : « La
démocratie, c'est le contrôle du peuple par le peuple ».
Tous les citoyens membres de ces congrès populaires
appartiennent, par leurs fonctions ou leurs professions, à des groupes ou des
catégories différentes: ouvriers, paysans, étudiants, commerçants, artisans,
fonctionnaires, etc. En plus de leur appartenance en tant que citoyens, aux
congrès populaires de base ou aux comités populaires, ils doivent constituer
des congrès populaires professionnels qui leur sont propres.
Les problèmes évoqués par les congrès populaires
de base, les comités populaires, les syndicats et les associations
professionnelles, prendront leur forme définitive au Congrès Général du
Peuple où se retrouveront les groupes exécutifs des congrès populaires, des
comités populaires, des unions syndicales ou professionnelles.
Ce qui est débattu par le Congrès Général du
Peuple, qui se réunit une fois par an, sera soumis à son tour aux congrès
populaires et aux comités populaires, aux syndicats et aux associations. Les
comités populaires, responsables devant les congrès populaires de base,
commenceront alors de mettre à exécution le programme ainsi élaboré
contrairement aux assemblées parlementaires.
Le Congrès Général du Peuple n'est pas un
rassemblement de membres d'un parti ou de personnes physiques mais la rencontre
des congrès populaires de base, des comités populaires, des syndicats et de
toutes les associations professionnelles.
Ainsi la question de « l'appareil de gouvernement » sera résolue et même temps il sera mis fin aux appareils dictatoriaux. Le peuple deviendra « l'appareil de gouvernement » et le problème de la démocratie dans le monde sera définitivement résolu.
Le problème de la Loi - problème parallèle à
celui de « l'appareil de gouvernement » - n'a pas encore trouvé sa
solution dans les temps modernes, bien qu'il l'ait trouvé à certains moments
de l'Histoire.
Qu'un comité ou un Parlement légifère pour la société,
cela est injuste et antidémocratique. Que la loi de la société soit amendée
ou abrogée par un individu, une commission ou un Parlement, cela aussi est
injuste et antidémocratique. Quelles est donc la Loi de la société ? Qui l'élabore
? Quelle est son importance par rapport à la démocratie ?
La Loi véritable d'une société est la coutume
(tradition) ou la religion; toute autre tentative en dehors de ces deux sources
est inutile et illogique.
La Constitution n'est pas la Loi de la société. La
Constitution est une loi fondamentale édictée par l'homme. Elle a besoin d'une
source pour se justifier. Le problème de la liberté dans les temps modernes réside
en ce que les constitutions sont devenues les Lois de la société, et que les
constitutions ne s'appuient que sur les conceptions des appareils dictatoriaux
dominants dans le monde, qu'ils reposent sur un individu ou un parti.
La preuve est la différence d'une constitution à
tout autre. Cette différence découle de la disparité de conceptions des
« appareils de gouvernement ». Là se trouve la vulnérabilité de
la liberté dans le monde contemporain.
Le moyen par lequel les « appareils de
gouvernement » cherchent à dominer les peuples, est consigné dans la
constitution. Le peuple est contraint de se soumettre par la force à des lois dérivées
de la constitution, qui est elle-même issue de l'humeur et des conceptions de
« l’appareil de gouvernement ».
La loi des appareils dictatoriaux a remplacé la Loi
naturelle. La loi humaine a remplacé la Loi naturelle et tout critère objectif
a disparu.
L'homme est le même en tous lieux. Sa morphologie et
ses instincts sont partout les mêmes. C'est pourquoi la loi naturelle est
devenue la loi logique de l'Homme. Puis virent les constitutions, simples lois
humaines, qui voient l'homme différemment. Leur conception n'a d'autre
justification que la volonté des « appareils de gouvernement »,
qu'il s'agisse d'un individu, d'un parlement, d'une classe ou d'un parti, de
dominer le peuple.
Ainsi nous voyons les constitutions changer quand
changent les « appareils de gouvernement ». Cela démontre que la
constitution n'est pas une loi naturelle, mais plutôt le produit de l'humeur
des « appareils de gouvernement », et qu'elle est établie pour
servir leurs intérêts.
Voila le danger qui guette la liberté partout où la
Loi véritable de la société est absente et est remplacé par des lois
humaines édictées par un appareil de gouvernement en vue de diriger les
masses. Pourtant, initialement, la manière de gouverner devrait s'adapter à la
Loi de la société, et non l'inverse.
La Loi de la société ne peut donc faire l'objet
d'une rédaction ou d'une codification. L'importance de la loi réside dans le
fait qu'elle est le critère pour distinguer le juste de l'injuste, le vrai du
faux, ainsi que les droits des individus et leurs devoirs. La liberté est menacée
tant que la société n'a pas une loi sacrée, basée sur des règles stables et
non soumises à la transformation ou au remplacement d'un quelconque « appareil
de gouvernement ». Au contraire, c'est l'appareil qui est tenu de suivre
la Loi de la société. Mais actuellement les peuples, de par le monde, sont
gouvernés par des lois humaines susceptibles d'être révisées et abrogées au
gré des luttes des appareils pour parvenir au pouvoir.
Le référendum constitutionnel n'est pas, en soi,
suffisant, car le référendum est une imposture envers la démocratie qui ne
laisse la place qu'au oui ou au non.
Les peuples sont obligés de se soumettre au résultat du référendum en vertu
des loi humaines. Le référendum constitutionnel ne signifie pas que la
constitution est la Loi de la société; il signifie qu'elle est une simple
constitution, un simple objet soumis à référendum et rien d'autre. La loi de
la société est un patrimoine humain éternel. Elle n'est pas la propriété
des vivants seulement. C'est pourquoi rédiger une constitution et la soumettre
à référendum des seuls votants est une mascarade.
Les codes rédigés par l'homme et issus des
constitutions regorgent de sanctions matérielles alors que la loi coutumière
en est à peu près dépourvue. La loi coutumière ne prévoit pas de sanctions
matérielles mais des sanctions morales, seules dignes de l'homme. La religion
englobe et absorbe la coutume. La plupart des sanctions religieuses matérielles
sont renvoyées au jour du Jugement dernier. La plupart de ses commandements
sont des enseignements, des indications et des réponses à des questions. Cette
loi mérite la respect de l'homme.
La religion ne prescrit de sanctions immédiates que
dans les cas où celle-ci se révèlent absolument nécessaires pour protéger
la société.
La religion absorbe la coutume, qui est l'expression
de la vie naturelle des peuples. Dès lors la religion est une confirmation de
la loi naturelle. Les lois non coutumières et non religieuses sont des créations
de l'homme contre l'homme. Elles sont par conséquent injustes parce que dépourvues
de cette source naturelle que sont la coutume (tradition) et la religion.
Qui contrôle la marche de la société ?
La question est de savoir qui contrôle la société
pour prévenir une éventuelle déviation par rapport à la Loi. Démocratiquement,
aucun groupe ne peut, au nom de la société, prétendre disposer seul du droit
de contrôle, « La société est son
propre censeur ».
Prétendre, pour un individu ou un groupe
d'individus, être responsable de la loi, est dictatorial. La démocratie
signifie la responsabilité de toute la société et le contrôle revient donc
à la société toute entière. C'est cela la démocratie et elle s'exerce par
le biais de l'appareil démocratique qui résulte de l'organisation de la société
elle-même en congrès populaires de base et de la règle populaire dégagée
par les comités et par le Congrès Général du Peuple (congrès national) où
se retrouvent les congrès populaires de base, les comités populaires
administratifs, les syndicats, les unions et l'ensemble des autres organisations
professionnelles. Selon cette théorie le peuple est "l'appareil de
gouvernement" et le peuple est son propre censeur.
Ainsi se réalise l'autocontrôle de la société sur
la Loi.
Comment la société peut-elle rectifier son
orientation en cas de déviation de la Loi ?
Lorsque « l’appareil de gouvernement » est dictatorial, comme c’est le cas aujourd’hui dans les régimes politiques à travers le monde, et dans le cas d’une déviation par rapport à la Loi, la société n’a le moyen de corriger cette déviation que par la violence, ce qui signifie la révolution contre l’appareil au pouvoir. Mais la violence ou la révolution, même si elles expriment la prise de conscience de la société à l’égard de cette déviation, ne sont pas l’œuvre de l’ensemble de la société. Elles sont seulement entreprises par ceux qui ont l’initiative et l’audace d’affirmer la volonté de la société. Cependant, cette approche mène à la dictature, parce que cette intiative révolutionnaire peut donner le pouvoir à un « appareil de gouvernement » se substituant au peuple, ce que signifie que « l’appareil de gouvernement » demeure dictatorial. De plus, bien qu’ils soient la conséquence de l’existence d’une situation antérieure non démocratique, la violence et le changement par la force sont en soi des actes non démocratiques.
Une société qui tourne encore autour de cet axiome
est une société arrièrée.
Quelle est donc la solution ?
La solution est que le peuple devienne « l’appareil de gouvernement » depuis les congrès populaires de base jusqu’au congrès Général du Peuple, qu’il soit mis fin à l’administration gouvernementale, qui sera remplacée par les comités populaires et que le Congrès Général du Peuple soit un congrès national où se retrouvent les congrès populaires de base, les comités populaires administratifs, les unions, les syndicats et toutes les associations professionnelles. S’ils se produisait une déviation de la Loi de la société dans un tel système, ce serait une déviation collective qui serait traitée d’une manière collective, par la révision démocratique, et non par la force. La manière de réviser ou de traiter une déviation n’est plus un processus de choix volontariste, mais plutôt une conséquence inéluctable de la nature de ce système démocratique Dans un tel cas, il n’y a plus de groupe extérieur contre lequel une action violente pourrait être dirigée ou qui pourrait être rendu responsable de cette déviation.
Une personne physique a le droit de s'exprimer même
d'une manière incohérente. Une personne morale aussi est libre d'exprimer sa
personnalité morale. Mais la première ne représente qu'elle-même, et la
seconde, que le groupe de personnes physiques qui constituent sa personnalité
morale.
La société se compose de plusieurs personnes
physiques et de plusieurs personnes morales; ainsi lorsqu'une personne physique
s'exprime de façon irrationnelle, cela ne signifie pas que les autres membres
de la société fassent de même. L'opinion d'une personne physique n'engage
qu'elle-même. L'opinion d'une personne morale n'exprime que les intérêts ou
le point de vue des individus constituant cette personne morale.
Une entreprise de production et de vente de tabac ne
représente que les intérêts de ceux qui constituent cette entreprise, c'est-à-dire
de ceux qui profitent de la production ou de la vente du tabac, même si cela
est nuisible à la santé des autres.
La presse est un moyen d'expression de la société,
et non le moyen d'expression d'une personne physique ou morale. Logiquement et démocratiquement,
elle ne peut donc être la propriété ni de l'une, ni de l'autre. Dans le cas
d'un particulier propriétaire d'un journal, c'est son
journal et y exprime son point de vue
uniquement. Prétendre que c'est le journal de l'opinion publique est faux et
sans aucun fondement, parce qu'il n'exprime, en réalité, que le point de vue
d'une personne physique. Il n'est pas démocratiquement admissible qu'une
personne physique possède un moyen de diffusion ou d'information. Mais il est
de son droit naturel de s'exprimer par n'importe quel moyen, même si celui-ci
est irraisonné. Par exemple, le journal publié par l'artisanat est seulement
le moyen d'expression de cette catégorie sociale particulière. Il exprime son
seul point de vue et non le point de vue de l'opinion publique. Il en va de même
pour les autres personnes morales ou physiques de la société.
La presse démocratique est celle que publie un comité
populaire composé de toutes les catégories sociales, c'est-à-dire
d'associations d'ouvriers, de travailleurs, de fonctionnaires, d'artisans, etc.
Dans ce cas et dans ce cas seulement, la presse ou tout autre moyen
d'information est l'expression de la société tout entière et reflète sa
conception générale; elle sera alors une presse démocratique.
Si le corps médical professionnel publie une revue,
celle-ci ne doit être qu'une revue médicale afin qu'elle soit réellement
l'expression de ceux qui la publient. Si l'ordre des avocats publie un journal,
il ne peut être que juridique afin d'exprimer réellement le point de vue de
ceux qui le publient. Il en va de même pour tous les autres groupes sociaux.
Une personne physique a le droit d'exprimer son
propre point de vue, mais démocratiquement elle ne peut pas s'exprimer au nom
des autres. Ainsi, peut être résolu, définitivement, et démocratiquement, ce
que l'on appelle dans le monde « le problème de la liberté de la presse ».
Cette question, qui n'a pas fini d'être débattue, est née du problème général
de la démocratie. Elle ne pourra être réglée tant que la crise de la démocratie
subsistera.
Il n'y a qu'une seule voie pour résoudre ce problème
embrouillé de la démocratie, c'est la voie de la troisième théorie
universelle.
Selon cette théorie,
le régime démocratique est une construction cohérente qui repose sur les
Congrès populaires de base, les Comités populaires et les Unions
professionnelles, lesquels se retrouvent tous ensemble dans le Congrès Général
du Peuple.
Il n'existe
absolument aucune autre conception d'une réelle société démocratique en
dehors de celle-ci.
Finalement, après l'époque des républiques, l'ère des masses s'approche rapidement de nous, enflammant les sentiments et éblouissant les yeux. Mais, autant cette ère nouvelle est annonciatrice de liberté véritable et d'affranchissement des chaînes des "appareils de gouvernement", autant elle peut s'accompagner d'une ère d'anarchie et de démagogie. A moins encore que la démocratie nouvelle ne rechute, et que revienne alors le pouvoir d'un individu, d'une classe, d'une secte, d'une tribu ou d'un parti. Tel est la démocratie véritable d'un point de vue théorique, mais dans la pratique, ce sont toujours les plus forts qui gouvernent.
Pour lire le Livre Vert :
Le Livre Vert : Le Problème du Socialisme (partie 2)
Le Livre Vert : Les Fondements Sociaux (partie 3)